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Récit de thérapie 1 : Ce qui m’a mené à vouloir mourir

Dès l’âge de 15 ans, un trou s’est creusé dans ma poitrine. Peu à peu, le trou s’est formé à l’aide de petites cuillères et de pelles de bac à sable en plastique. J’ai dû vivre avec une partie de mon âme manquante. Cette partie absente était, on pourrait dire virtuelle, mais pour moi elle était bien réelle, comme un morceau de poumon ou de rein arraché.


À 15 ans, un séjour à l’hôpital en P-38 (appelé autrement au Nouveau-Brunswick) me fait réaliser à quel point je dois cacher ce que je vis. La P-38 est une loi du Québec qui permet d’hospitaliser une personne contre son gré en présence d’un danger grave et imminent pour sa vie ou pour celle d’autrui. Un sentiment d’humiliation m’envahit. « On pense que je suis folle. » Le médecin de garde est le père d’une amie (ou plutôt une connaissance de l’école secondaire). Mon intérieur est à découvert et à la vue de tous, alors que je m’étais ouverte à quelques personnes. Honte, gêne, anxiété, peur… et vraiment, humiliation totale.


Suite à cette horrible expérience, où j’ai d’ailleurs menti au psychiatre le lendemain matin pour avoir mon congé après seulement 18 hrs « d’incarcération », je réalise que je dois faire bien attention à ce que je partage à autrui. Parce que sinon, c’est tout ou rien. Je souffre, mon entourage souffre… Alors vaut mieux vivre ça seule en faisant abstraction de mes émotions.


C’est à peu près à ce moment qu’a commencé à se former ce vide intérieur, généreusement baptisé « le trou dans le chest » par nul autre que moi-même. Un trou, c’est concret. Ça représente un manque, une souffrance absolument atroce et concrète. Le vide, c’est flou et mal compris. Vide ? Mais tu es rempli d’organes. Rien ne manque. Le trou, il m'a mené à m'automutiler pour soulager le mal avec les neurotransmetteurs que mon corps produisait naturellement. J'ai aussi voullu mourir. Oui pendant 10 ans, à presque tout les jours, je me suis souhaité la mort, du plus profond de mon être.


De là, ce sont plusieurs intervenants, travailleurs sociaux, psychiatres, psychothérapeutes et psychologues qui se sont relayés au fil des années pour m’aider. Pendant plus de 10 ans, j’ai cherché de l’aide et j’en ai trouvé. Par contre, presque tous ces efforts furent en vain, car rien n’est parvenu à me soulager de cette souffrance intérieure. Ok, est-ce qu’on peut arrêter d’ajouter « intérieure » ?


Une souffrance, bon.


Je dois aussi dire que j’ai eu toute qu’une chance et que je me sens privilégiée d’avoir eu ces merveilleuses personnes à mes côtés pendant ces nombreuses années. Même si la souffrance restait, et bien au moins j’avais des personnes autour de moi à qui en parler. Sans ça, pour vrai… je ne sais pas où j’en serais.


C’est en 2016 que je décide d’entamer une psychothérapie. Manifestement, avec ce thérapeute ça n’a pas « cliqué ». C’est pendant 1 an et demi qu’on essaie, toutes les semaines, de créer une relation thérapeutique aidante. C’est long, un an et demi à aller à ton rendez-vous à reculons ! J’avais vraiment espoir, espoir de vouloir un jour vivre ma vie. Ce thérapeute était aussi médecin, donc ses services étaient couverts par l’assurance maladie et c’est pour cela que j’ai essayé si longtemps. L’argent me manquait pour aller consulter ailleurs. Sans dire que cette longue thérapie n’a servi à rien, elle n’a pas servi à grand-chose sauf peut-être me montrer le fonctionnement d’une psychothérapie et l’importance du lien thérapeutique. OUI ! On ne le répétera jamais assez. Le lien entre l’aidant et l’aidé est vraiment important.


Sans être soulagée de ce fameux « trou dans l’chest » presque parasitaire, je décide, fin 2017 de mettre un terme aux consultations. Je voulais encore mourir.


Passons au mois d’octobre 2018. Cette souffrance m'empêchait de vivre adéquatement et je croyais naïvement que maintenant, je parviendrais à étaler mon intérieur pour qu’on me libère du mal ; je veux reconsulter. Recommencer une thérapie. Je fais plusieurs heures de recherche sur internet et je trouve un psychologue qui a de la disponibilité (UN EXPLOIT!). Deplus, il offre un tarif réduit pour étudiants. Hurray !

« Je pourrai finalement comprendre pourquoi je devrais aimer ça vivre. J'ai hâte.»


Suite à venir. Élise Boutin Éducatrice spécialisée



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